Vendredi 30 novembre 2018 (Mont de Marsan), samedi 1er décembre 2018 (Saubusse) et dimanche 2 décembre 2018 (Montfort en Chalosse)
«Enfant, quand je m'efforçais de m'exprimer dans un langage châtié, j'avais l'impression de me jeter dans le vide. Une de mes frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m'aurait obligée à bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la bouche.
Puisque la maîtresse me "reprenait", plus tard j'ai voulu reprendre mon père, lui annoncer que "se parterrer" ou "quart moins d'onze heures" n'existaient pas. Il est entré dans une violente colère. Une autre fois : "Comment voulez-vous que je ne me fasse pas reprendre, si vous parlez mal tout le temps !" Je pleurais. Il était malheureux. Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancœur et de chicanes douloureuses, bien plus que l'argent.»
" Il restait en somme à trouver une forme... Et cette prise de conscience vous mène à écrire « la Place », où vous évoquez votre père en adoptant « l’écriture plate ».
Oui, il restait à trouver la forme. D'où une réflexion, qui est politique: quelle est ma place à moi, écrivain venant du monde dominé, mais ayant la culture du monde dominant, et écrivant à des gens qui appartiennent plus ou moins à ce monde dominant? Je vais leur montrer la vie d’un homme, mais aussi sa séparation d’avec la narratrice, qui est moi: comment puis-je écrire ça, sans trahir à nouveau? …/…
C’était aussi d’utiliser le langage que j’entendais, celui dont j’ai la mémoire, parce qu’une langue est traversée par ses hiérarchies sociales. …/…Mes parents avaient intériorisé leur place inférieure, par exemple. Et puis il y avait tout ce langage de la restriction, de l’économie: « faire de l’usage », combien de fois ai-je entendu cela? « Il faut que ça te fasse de l’usage... » Donc j’ai écrit « la Place » dans ce langage de la domination, à l’intérieur de ce langage, en utilisant les moyens que m’a donnés la culture dominante.
Il fallait sortir d'une naïveté, d'une innocence politique de l'écriture. Et pas seulement sur le plan esthétique. C'est ça que j'ai voulu dire quand je parle d'« écriture plate »: « Pour rendre compte d'une vie soumise à la nécessité, je n'ai pas le droit de prendre d'abord le parti de l'art. ».
C'est « d'abord », le mot important.
Je suis confortée par Tchekhov : « Être juste d'abord, le reste viendra de surcroît. »
Extrait de l’entretien paru dans « le nouvel observateur » du 8 décembre 2011
Vendredi 30 novembre 2018
Librairie Caractères
17 rue du Maréchal-Bosquet
40000 MONT DE MARSAN
Accueil à 19h - Lecture à 19h30
Téléphone : 05 58 06 44 12
Entrée libre, participation nécessaire
Samedi 1er décembre 2018
Chez Sandrine Petitgrand et Stephan Dubez
9 place Eugénie Desjobert
40180 SAUBUSSE
Accueil à partir de 18h
Lecture à 18h30
Réservation indispensable au
06 31 76 43 53
Dimanche 2 décembre 2018
Chez Sibylle de Laage et Georges Pilaert
1116 route Raphaël Lonné
40380 MONTFORT EN CHALOSSE
Accueil à partir de 17h
Lecture : 17h30
Réservation indispensable au
05 58 98 69 74
à l'issue des spectacles des 1er et 2 décembre, la Scène déménage et les accueillants proposent au public de continuer la soirée avec un grignotage des petits plats de tous et de chacun
tarifs (voir 30 novembre) : 12€, 10€ (adhérents à l'association)