Alain SOURIGUES
Alain Sourigues est désespéré, mais poli.
Dans ses spectacles, le désespoir (« Nous ne sommes pas seuls dans l’univers, je suis convaincu qu’il existe d’autres formes de connerie dans la galaxie ») affleure, mais il reste poli, et l’on sait bien que c’est dans l’humour que réside la plus vraie des politesses. Un spectacle d’Alain Sourigues, c’est ça : une légère dose d’écorchure, et une bonne couche d’onguent qui adoucit et détend. Sommet de la politesse, c’est un humour qui ne prend pas à partie, qui ne se moque pas, sinon de lui-même. Ça détend d’autant…
Ses textes aussi, sont polis. Comme on dit d’un galet sur lequel le courant est passé mille fois. Les mots ne sont pas là par hasard, parce qu’ils tomberaient bien et que la rime finale collerait à la précédente, "allez, suivant" - non, ils sont au contraire travaillés et retravaillés, à la lime, à la brosse à dents, au temps qui passe, cent fois sur son ouvrage il se remet au labeur – à moins que ce ne soit l’inverse - pour que l’ensemble lui paraisse pouvoir tenir, exister, raconter, et qu'on devine ce qu'une deuxième écoute peut apporter d'éclairage différent.
Un spectacle d’Alain Sourigues, c’est l’Auguste et le clown blanc réunis et interprétés sur scène, fin et lunaire, comique et gaffeur. Evidemment, sans maquillage, on ne sait jamais sur lequel on va tomber.
L’ « orchestre » est là, tout près, assurant et enrobant le chant, Jules Thévenot aux guitares et banjo, Jean-Michel Martineau à la basse et à la flûte, juste ce qu’il faut pour renforcer tour à tour la légèreté ou la profondeur. La poésie est aussi musicale.
©Christian Barbier