d'octobre à décembre 2022
(et jusqu'en janvier 2023 !)
à Montfort-en-Chalosse
"Les chemins de nos vies"
Résidence d'artiste
avec Claire ANANOS
"La microscopique c’est circonscrire un territoire précis, en apparence restreint, et l’observer suffisamment pour s’apercevoir que dans l’infiniment petit, l’infini est immense"
Le projet de la microscopique questionne le rôle de la géographie sur la vie des individus -et vice versa-. Comment une géographie influe sur les êtres humains qui l’habitent, comment elle modèle leurs mouvements dans l’espace, leur conception de la vie, leur phrasé, leur histoire.
Il y a de multiples façons de répondre à ce questionnement sans jamais l’épuiser. C’est ce qui fait la richesse du projet et les formes multiples qu’il peut prendre suivant les contextes, les collaborations, les caractéristiques de chaque territoire étudié.
Depuis sa naissance en 2012, le projet s’est décliné en films documentaires et/ou poétiques, tous mis en ligne sur un site dédié au projet (lamicroscopique.fr), en exposition audiovisuelle participative, en journal participatif, en projections dans les territoires parcourus,... C’est chaque fois les interactions entre l’artiste, les habitant.e.s et les territoires qui dictent la forme définitive au projet.
Dans ces variantes, il existe toutefois quelques fils conducteurs récurrents :
> Une réflexion et un travail sur les cartes de géographie du territoire
Le projet sur un territoire nouveau débute par la quête d’une carte géographique précise, lisible et esthétique afin que chaque habitant.e se retrouve aisément sur son propre territoire. Car chacun.e aura un exemplaire de cette carte et pourra se l’approprier tout au long de la résidence, en dessinant, coloriant les endroits importants, ceux qu’il/elle traverse régulièrement, les repères géographiques personnels. Et il/elle pourra ainsi constituer une carte sensible de son lieu de vie, une géographie minuscule et intime du territoire. Cette carte choisie et adaptée avec soin est un matériau concret rassurant, un viatique pour les habitant.e.s et pour l’artiste. Une fois élaborée, elle deviendra la carte de référence du projet. Nous partirons ainsi d’une géographie collective impersonnelle pour se diriger, petit à petit, vers une géographie intime de chaque habitant.e.
La carte devient aussi un objet visuel esthétique et filmique.
> l’observation, la déambulation, la marche
Le projet débute par une phase d’immersion, d’apprivoisement du territoire. L’objectif est
d’atteindre une posture particulière d’ouverture et d’écoute permettant une observation intense
et une présence au monde sans attente mais prête à tout, à l’écoute de ce qu’il s’y passe pour saisir une réalité (forcément subjective) de ce territoire et des gens qui y vivent.
C’est par cette qualité de présence attentive, active, ce regard neuf sur le territoire, que la perception de l’artiste et celle des habitant.e.s est appelée à s’exprimer et se répondre, afin de construire ensemble une idée collective -et tout en nuances- du territoire.
> les rencontres, les témoignages
Dans leur vie quotidienne les habitant.e.s d'un même lieu se croisent dans cet espace (dans la rue, à l'épicerie ou au supermarché, au café, dans leur immeuble,...), se connaissent plus ou moins. Ce sont des rapports singuliers entre individus, mais ces derniers ne sont pas forcément porteurs d’une conscience aiguë du lieu qu'ils ont choisi d'occuper avec d’autres, et qui finit par constituer un ensemble. Les films sont voués à rester sur cette fine nuance : ce ne sont pas des portraits d'individus isolés, mais plutôt des portraits individu-espace, qui s'imbriquent les uns dans les autres, pour former une topographie humaine de l’espace commun. Les témoignages filmés usent d’un même canevas de questions.
Ce qui intéresse l’artiste c’est que ses films soient des objets de contribution : Claire met en partage son regard sur le territoire, les autres habitants s’autorisent alors à partager le leur, avec leurs mots, leurs histoires, leurs perceptions.
Ces partages peuvent avoir lieu de différentes façons : comme à Bagnols-sur-Cèze et Château- Thierry où des projections des films élaborés étaient organisées régulièrement et donnaient lieu à des échanges autour du territoire partagé mais aussi de nouvelles idées de films à élaborer ensemble ; ou comme à Arette où un petit groupe d’adolescents a parcouru le village pour réaliser des films avec l’artiste dans une vision « microscopique » ; où comme à Flobecq lorsque les cartes géographiques complétées par chaque participant.e.s ont été affichées dans le village, à côté des cartes vierges étaient à disposition et certain.e.s ont ressenti l’envie de dessiner leur carte sensible...