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La Lecture à haute voix et les Répétitions :

La Scène Déménage a proposé à

Paùla de Oliveira

d’animer des séances de travail

pour lecteurs de tous horizons

souhaitant se confronter à l’exercice.

            "Je ne sais pas ce qu’est la « lecture à haute voix ». L’appellation d’ailleurs est problématique. On dit aussi « lecture théâtrale » ou « lecture-spectacle ». Comédienne-lectrice, lectrice en tant que comédienne, je me doute de ce qu’elle n’est pas : il ne s’agit pas d’une spécialité austère réservée à quelques initiés littéraires, puisqu’elle émeut tous les publics ; elle n’est pas non plus une parente pauvre du spectacle théâtral, sorte de version édulcorée sans moyens et sans énergie (bien qu’il lui arrive d’être donnée pour telle par les institutions théâtrales elles-mêmes...) puisqu’elle en constitue une des formes les plus intensément vécues par les acteurs et spectateurs. 

 

J’en sais ce qu’en explore l’interprète que je suis ou tente d’être : que ce travail consiste à déplier à haute voix le texte écrit, à en articuler avec le souffle la langue, à en suivre le sens « comme celui d’une rivière » nous dit Valère Novarina ; à remonter en amont de cette écriture, «jusqu’à la berge du langage», où le mot manque, nous dit Pascal Quignard ; et que cela, « cette façon de s’oublier soi-même pour se laisser traverser » nous dit Claude Régy, remplit la scène, l’auditorium, la salle de lecture, le jardin, le café, la chapelle – tous les endroits où l’on veut bien l’entendre –, des présences invisibles, des fantômes très vivants que les écritures évoquent, invoquent, convoquent, « les voix des morts et les songes des vivants ». 

 

L’acteur est rendu à son rôle de passeur et « tous doivent être celui qui parle ». 

 

C’est un désir très ancien que beaucoup ont ressenti de prononcer à haute voix un texte qui nous émeut, qui nous « parle ». Et c’est en interprète que je travaille à guider ceux qui le souhaitent dans cette exploration, cette expérimentation de l’interprétation de textes écrits à haute voix : il s’agit, par ce déploiement des mots écrits dans l’espace sonore, de respirer, de prononcer, d’articuler, de rendre corps à la matérialité, la temporalité de cette langue qui nous traverse. En dépliant cette matière textuelle sonore, respirée, respirante, à la croisée du/des sens et du souffle, nous cherchons à déplier, de soi à soi, de soi à l’autre, à l’autre en soi, un espace où respirer, entendre et exprimer : un espace où penser. 

 

J’appelle ce travail : « Les Répétitions »."

 

Paùla de Oliveira

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